Le monde de Macron va mal
- Raoul Salzberg
- 12 août 2024
- 4 min de lecture

Le président français Emmanuel Macron profite des Jeux Olympiques de Paris pour essayer de faire une pause dans ses difficultés politiques.
Pourtant, d’après les médias aux ordres, la France va plutôt bien : le chômage régresse à 7,5 %, la croissance est honorable à 2 %, le déficit de la France est certes élevé à 110 % du Produit Intérieur Brut mais n’a pas progressé, la France est le pays d’Europe le plus prisé des investisseurs étrangers par ses coûts attractifs, le tourisme se porte bien. Et la réforme des retraites permet d’augmenter la force de travail des français.
La France est une démocratie libérale qui se porte donc bien.
Un seul bémol à ce bilan globalement positif : le peuple français est mécontent !
Macron s’évertue à défendre son bilan, face à une population qui ne le comprend pas, ou, plutôt qui le comprend trop bien, faisant le bilan suivant : tout pour les riches capitalistes, même pas des miettes pour le peuple, au contraire.
Car expliquer que le bien de la France, c’est celui des entreprises, de leurs dirigeants, de leurs actionnaires, ce n’est pas ce que veut le peuple. Expliquer que, plus tard, par ruissellement, cela sera bénéfique pour le peuple, cela n’est pas crédible.
Cela fait plus 30 ans que le mur de Berlin est tombé, que l’URSS a disparu, que donc, le capitalisme et la démocratie libérale ayant triomphé, une ère de paix et de prospérité était annoncée.
Le bilan est malheureusement catastrophique : 2 conflits pouvant dégénérer en guerre mondiale, de nombreux migrants fuyant la misère, un réchauffement climatique désastreux, de nombreux conflits régionaux sanglants, à caractère religieux ou ethnique.
Ce monde, c’est celui de l’impérialisme américain dominant et de ses valets occidentaux (Europe, Australie, Canada).
Une fois les Jeux Olympiques terminés, la seule solution pour Macron est de perdurer avec Gabriel Attal comme premier ministre, gérant les affaires courantes, en particulier le budget qui doit être voté en fin d’année. Les dernières mesures qu’il comptait prendre avant la fin de son mandat de président sont inapplicables, car ce sont des contre-réformes sociales : abandon de la semaine de 35 heures, abandon de la cinquième semaine de congés payés, réforme de l’assurance chômage, mesures pour l’emploi des séniors, regroupement des administrations en supprimant des échelons intermédiaires, comme le regroupement de communes, la suppression de cantons considérés comme superflus. Tant pis si les administrés seront obligés de se déplacer loin pour trouver qui un hôpital, qui une maternité, qui un bureau de poste, qui une administration fiscale, qui un commissariat de police, etc.. c’est ce qu’ils appellent démêler l’écheveau administratif.
Ce monde dont rêve Macron, celui des capitalistes, est hors de portée. Comme il n’a pas de solution de rechange à proposer, il en est réduit à effectuer des rafistolages, ce qu’il appelle le moindre mal. Le pire pour lui étant les solutions du Nouveau Front Populaire, il envisage donc de regrouper un marais centriste, comprenant les macroniens, la droite LR, et quelques débauchages chez les écologistes, les socialistes les communistes et même quelques insoumis dissidents. Peine perdue, car la droite LR refuse une coalition avec des macroniens qui lui ont taillé des croupières. Reste aussi la solution d’une alliance avec l’extrême droite, puisqu’ils ont voté la réforme des migrants, et qu’ils seraient d’accord avec une gestion libérale de l’économie, comme le prouve le gouvernement Meloni en Italie. Difficile cependant avec la répulsion qu’exerce le Rassemblement National auprès de la majorité des français
.
Alors, il ne reste qu’une gestion au fil de l’eau, aussi longtemps que possible. Pas réjouissant !
La fin de règne de Macron va donc être cahotique. Surtout si les guerres en cours dégénèrent et aussi si les bourses mondiales plongent et génèrent un krach financier mondial.
Dans ce climat incertain, devant ces dangers ingérables, le président Macron, n’ayant plus de ressources, sera contraint de démissionner, laissant le soin à son successeur de se débrouiller comme il le pourra.
Évidemment, les solutions honnies par Macron, celles proposant les réformes sociales favorables au peuple, redeviendront crédibles, celles où la richesse ne sera plus accaparée par les plus riches, où le secteur public sera privilégié au détriment des entreprises privées, où les investissements ne seront plus accaparés par les profiteurs mais iront vers la véritable innovation, où les universités seront des centres d’excellence, où seront privilégiés les investissements permettant une amélioration de l’outil de production, un développement de l’environnement respectueux des équilibres naturels, améliorant les conditions de travail, permettant un secours efficace pour les déshérités, apportant une offre de soin nombreuse et de qualité pour tous, favorisant la sécurité de tous, permettant l’émancipation véritable des femmes, condamnant tous les discours homophobes.
Ce monde de rêve, qui n’est pas celui de Macron, ne peut exister que si le peuple prend en mains son destin, en bâtissant un monde qui lui soit favorable. Cela paraît utopique, et pourtant c’est la seule solution raisonnable.
Ce logiciel n’est pas celui du capitalisme pourrissant d’aujourd’hui. La paix et la prospérité pour tous, voilà un objectif rassembleur, que n’a pas su créer le monde issu de la chute de l’URSS.
Voilà qui permettrait de sortir de l’impasse actuelle. Cela prouve que l’efficacité reconnue du capitalisme est aujourd’hui dévoyée. Il faudrait imaginer des réformes du capitalisme pour éviter d’en arriver à l’issue funeste que nous vivons aujourd’hui. Tout a-t’il été essayé, là est la question. De nombreuses propositions, de nombreuses écoles de pensée, se sont attelées à cela. Sans résultat probant.
La première proposition qui vient à l’idée, serait de se débarrasser de la tutelle américaine, de son hégémonie désastreuse. Ce sont les USA qui ont utilisé la bombe atomique sur le Japon, qui ont bombardé le Vietnam avec l’agent orange, qui ont ramené l’Irak et la Lybie à l’âge de pierre, qui favorisent les bombardements génocidaires à Gaza, qui ont soutenu les pires dictatures comme celle de Pinochet ou de Mobutu, qui ont favorisé les massacres en Indonésie. Les dictatures russe, chinoise ou musulmane, sont loin d’atteindre ce bilan catastrophique.
La première mesure serait donc de sortir des Etats-Unis toutes les agences internationales : ONU, OMC, OMS, Conseil de Sécurité.
La seconde serait d’exiger l’arrêt des 2 guerres en cours.
La troisième serait d’exiger un désarmement général, à commencer par celui des Etats-Unis.
Ces 3 propositions sont une base de départ pour trouver une solution aux problèmes que connaît l’humanité aujourd’hui.
Comments